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Vous trouverez ci-dessous le texte de la prise de parole du proviseur du Lycée BEAUSSIER lors de l'hommage à Samuel PATY.

Le proviseur remercie l'ensemble de la communauté éducative et tout particulièrement tous les élèves pour la grande dignité et le profond recueillement dont ils ont fait preuve pour l'hommage à Samuel Paty.

Avant la lecture de la lettre de Jean Jaurés et la minute de silence, le proviseur a tenu à prononcer un bref discours contextualisant l'apport de Jaurès en cette journée nationale

Je ne ferai pas une biographie de Jean Jaurès. Ce n’est pas l’important ici.

Jean Jaurès est un de ces géants qui ont enjambé le XIXème et XXème siècles. Il consacrera sa vie au combat en faveur des opprimés, de la lutte contre l’injustice, pour la République, contre la guerre. Son action a été tout au long de sa carrière pour la protection de chaque femme chaque homme quel que soit son appartenance sociale. Combattre auprès des mineurs de Carmaux dont il fut le député, défendre Dreyfus, s’opposer à la folie qu’allait être la première guerre mondiale sont quelques-unes de ses luttes.

Ce XIXème siècle qui voyait la France s’émanciper peu à peu de l’obscurantisme, de la dictature, des inégalités non sans sursaut réactionnaire, consacrait surtout le triomphe de la république proclamée le 02 septembre 1870. Cette France avait aussi donné naissance à de grands hommes qui, avec des talents et des destinées différentes, servaient les mêmes causes. Jaurès était de la même trempe qu’Hugo, Courbet ou Zola.  Comme eux il est le digne héritier de la tradition humaniste, du siècle des lumières, des idées de la Grande Révolution française. Comme Emile Zola, il est allé jusqu’au sacrifice ultime pour servir les causes auxquelles il avait voué sa vie.

Formé à l’Ecole normale supérieure au lycée Louis le Grand, reçu premier à l’Ecole normale de philosophie puis agrégé, il sera professeur au lycée d’Albi, maître de conférence à la Faculté de Droit de Toulouse. Issu d’une toute petite bourgeoisie rurale, il sera le pur produit de la méritocratie Républicaine. Il sait ce qu’il doit à l’Ecole, même devenu député, il n’oubliera pas son passé d’enseignant. Lui de confession catholique sera l’un des principaux artisans de la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Sa lettre aux instituteurs et institutrices résume à elle seule sa pensée universaliste. Oui l’école doit permettre aux femmes et aux hommes de s’éduquer pour pouvoir évoluer socialement et contribuer au développement de la France mais le but ultime de l’Ecole républicaine n’est pas là. L’école doit libérer les hommes du joug des idées toutes faites, des idéologies de l’obscurité qui asservissent les individus sous le poids des traditions, des modèles sociaux, économiques, culturels qui exploitent les plus faibles au profit d’une minorité. L’Ecole doit tout au long du parcours de l’enfant saupoudrer sans cesse, avec obstination des petits flocons de libre arbitre, de réflexions, de contradictions intellectuelles, d’interrogations sur le monde. Ainsi l’école transformera les enfants en des citoyens libres, conscients de l’intérêt commun, défenseurs de son frère, de sa sœur en république. 

 

Samuel Paty était l’héritier de cette longue chaîne de passeur qui jamais n’ont renoncé à transmettre et « E »duquer les jeunes générations pour que la France reste ce pays des Libertés, du libre arbitre, du génie créatif.


 

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